Test de The Pathless : la chasseuse à l’aigle férue d’énigmes
Beaucoup de blablas et d’action mais peu de réflexion ou quand la richesse du scénario l’emporte sur la pauvreté des énigmes, c’est là tout le paradoxe de The Pathless : un grand jeu mitigé.
TestL’épopée fantastique d’une chasseuse des airs
Après avoir convié les joueurs à découvrir les fonds-marins dans Abzû, sorti en 2018 sur Nintendo Switch dans une expérience sous-marine alors très contemplative, le studio Giant Squid investit cette fois une autre facette de la vie sauvage avec The Pathless. Le studio entend proposer un titre plus consistant, plus narratif, ainsi qu’un gameplay plein de fougue.Le récit est celui d’une île en proie à la destruction et aux ténèbres. Un redoutable et inquiétant personnage nommé le Déicide a en effet décidé d’annihiler toute lumière, corrompant l’âme d’immenses animaux gardiens qui étaient chargés par la grande déesse Mère Aigle de veiller sur le monde.Toute ressemblance ne sera pas fortuite, on reconnaît en effet sans mal l’inspiration du modèle de Zelda Breath of the Wild derrière le récit dessiné dans The Pathless. Prendre exemple sur les plus grands a cela de bien qu’il en ressort un jeu à l’univers dense et plutôt convaincant.
Pour autant le récit est ici bien plus resserré et n’offre pas un univers gigantesque. L’ambiance est malgré tout finement travaillée, alternant les phases de gameplay avec des instants de gravité. On la ressent particulièrement bien lorsque les figures de bien se trouvent être corrompues par la fumée rougeâtre et tentaculaire du démon qui s’immisce au plus profond de leur corps.Heureusement le monde peut compter sur le cran de l’héroïne anonyme que l’on contrôle et qui débarque sur ces terres vierges. Armée de son arc et de tout son courage, celle-ci s’élance à l’assaut de la noirceur qui s’est emparée de ces terres.
Le jeu est construit selon un rythme linéaire. Après une longue introduction qui nous permet de nous familiariser avec le personnage et son déplacement singulier et vif, on adopte un compagnon à plumes qui nous suit tout au long de l’aventure. Le personnage décuple ainsi sa capacité à se mouvoir, plus seulement au sol mais également dans les airs. On poursuit alors la quête dictée par la grande déesse afin de libérer les quatre grands gardiens corrompus et ramener la lumière sur les terres obscurcies.
La réalisation de The Pathless vaut le détour. Naviguant sur la voie de l’épique et du dantesque, avec son récit mythologique et ses personnages assez charismatiques, le jeu convainc et parvient à impressionner le joueur sur le plan visuel. Les couleurs certes un peu répétitives du titre : froides et claires quand elles sont du côté du bien et chaudes et sombres quand elles sont du côté du mal, définissent bien les deux camps qui s’affrontent, avec un certain manque d’originalité.
Un jeu d’énigmes et de combats de boss
The Pathless est un jeu d’aventure, d’action et de puzzle en 3D. Loin de rappeler seulement la quête de Link sur les terres d’Hyrule, le jeu adopte aussi ses mécaniques, à savoir la résolution d’énigmes qui s’enchaînent au sein de ruines d’anciens temples, permettant de libérer des artéfacts.Les énigmes ne sont toutefois pas la force du titre. Elles consistent bien souvent à actionner des interrupteurs en guidant des lumières et en déplaçant des blocs, grâce à l’assistance de notre ami l’aigle qui nous suit fidèlement et nous obéit sur commande.On peut en effet l’utiliser pour tirer des charges lourdes et ainsi rapprocher des braséros par exemple. Les énigmes jouent beaucoup sur le principe d’actions enchainées, aussi il faut analyser l’environnement, comprendre la mécanique et parvenir à l’actionner. Ce temps d’énigmes n’est pas le plus palpitant il faut l’avouer, on se retrouve parfois à tourner un peu en rond à cause d’un level design pas toujours clair, ni même une inventivité suffisante dans la construction des puzzles.
Le protocole à suivre dans chacune des régions du jeu est le même. Avec l’artéfact récolté après avoir résolu une énigme, on peut se rendre aux grands obélisques afin de les libérer des noirceurs qui les enveloppent. Un système de triangulation s’opère alors entre l’ensemble des obélisques purgés. L’épaisse et dangereuse fumée rouge qui enveloppait la créature mythique souveraine du royaume se dissipe et on peut accéder à la phase d’affrontement.Les développeurs ont visiblement investi une grande partie de leurs efforts dans ces combats. Ils sont en effet assez dantesques, constitués de plusieurs phases et mobilisent une bonne prise en main du personnage, ainsi qu’un bon sens du timing. On commence généralement par une course poursuite à travers les vastes terres afin d’arrêter la créature en proie à la folie destructrice. On bascule ensuite dans une arène fermée pour la formule de l’affrontement plus traditionnelle du petit David contre l’immense Goliath.
On triomphe de notre ennemi en l’assaillant de coups bien placés à l’aide de notre arc et de notre aigle, permettant in fine de libérer la créature du mal qui l’habitait et ramener la lumière sur la région.
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À côté du schéma de gameplay assez redondant du titre, The Pathless offre une petite dose de progression grâce aux récompenses obtenues à la fin d’un combat de boss qui permettent d’améliorer nos compétences et notre endurance. On remporte en effet un saut supplémentaire qui nous permet, petit à petit, d’atteindre des hauteurs auparavant inaccessibles et ainsi gagner en liberté, dans un monde plutôt vaste et construit à la verticale.En revanche la progression se ressent moins dans les tâches à accomplir. On retrouve en effet ce même système de résolution d’énigmes peu palpitantes et pourtant longues à démêler afin d’accéder au boss en bout de course.Les sensations de liberté de mouvement au sein des environnements sont quant à elles bien retranscrites et le système d’accélération fondé sur des cibles à toucher pour gagner un boost de vitesse plutôt bien pensé.
Les amateurs des aventures du hérisson bleu Sonic y reconnaîtront là sans doute également une forme d’emprunt, The Pathless n’hésitant pas à s’aventurer sur les terres des courses-poursuites et de la grande vitesse, comme l’avait fait Sonic dans son dernier épisode en date sorti sur Nintendo Switch, Sonic Frontiers.L’aventure de The Pathless n’est au final pas des plus longues. On aurait aimé une petite rallonge car l’élan de liberté qui souffle sur les plaines de l’île que l’on parcourt, ainsi que les affrontements dantesques valent le détour. En revanche les énigmes à répétition usent clairement la patience du joueur et dans ces conditions, on est presque soulagé d’en voir la fin.
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