Test de Wayward Strand : un long et lent voyage
On est en 1978 et on s’envole à bord d’un hôpital aéroporté dans un ancien ballon dirigeable. Une aventure excitante ? Disons plutôt soporifique.
TestUn jour je serai journaliste !
Nous sommes le 27 janvier 1978, l’aventure commence avec une cinématique qui installe le scénario. On découvre Casey et sa mère infirmière qui embarquent dans le téléphérique reliant la terre et ce dirigeable extraordinaire. On se fait sermonner car encore une fois, on est accompagné de notre précieux carnet. On n’allait quand même pas manquer une occasion de faire l’article du siècle à propos de cet engin volant atypique !Nous voilà enfin à bord. On rencontre rapidement une première patiente plutôt… excentrique. L’échange est furtif, mais assez déconcertant. Maman nous explique qu’elle va être très occupée et nous confie la tâche d’aller voir les patients, passer du temps avec eux et les aider au mieux. Lily, infirmière, nous prête gracieusement une montre pour pouvoir suivre le cours du temps. Il est aux alentours de 8h45. Rendez-vous au même endroit à 17h30 pour finir la journée.À partir de là, on est libre de nos mouvements. Dans Wayward Strand, le temps continue de s’écouler pour les personnages. Leur vie se poursuit que l’on interagisse ou non avec eux. On se laisse donc porter par la curiosité, on toque aux portes pour visiter les patients, on explore le dirigeable et on peut décider d’écouter les conversations privées des autres ou participer à leurs discussions. Parfois, on s’arrête pour observer une interaction ou on décide de suivre un patient pour voir ce qu’il va faire.Dans son petit carnet, Casey reporte toutes les informations qu’elle relève. Les révélations à propos de ce dirigeable s’accumulent et l’optique d’un superbe article se profile. On peut le consulter à tout moment pour se replonger dans la vie des gens et pourquoi pas résoudre des intrigues, enfin, “intrigue” est un bien grand mot. Les aventures sont loin d’être épiques et correspondent bien à ce que l’on peut attendre d’un service gériatrique.
Un très long week-end
Tout le jeu repose sur la découverte de l’histoire par embranchement. Comme précisé plus haut, la vie continue indépendamment de nos actions. Chacun de nos choix nous permettent de dévoiler un pan de l’histoire et à chaque partie, on peut découvrir des éléments ou pièces qu’on n’avait pas vu précédemment. Il est important de noter le manque de traduction, surtout pour un jeu narratif ou le texte a son importance. Entièrement écrit et doublé en anglais, si vous ne maîtrisez pas la langue de Shakespeare, vous serez clairement handicapé.On se laisse prendre au jeu et le premier chapitre arrive à sa fin. Au départ on apprécie échanger avec les occupants aux caractères éclectiques. On s’attache aux plus touchants, on est amusé par les plus grossiers ou les excentriques. La journée se termine par le trajet retour en téléphérique et les quelques échanges avec Maman. On poursuit vers le jour deux puis le jour trois et on termine l’aventure une première fois. C’est à ce moment qu’on peut décider de relancer une partie et découvrir d’autres bouts de l’histoire. Seulement, arrivé là, on se pose sérieusement la question. Le premier chapitre passe plutôt facilement, puisque c’est l’amorce des mécaniques et de l’histoire. À partir du deuxième, on commence à trouver le temps… terriblement long.
Alors oui, la narration est plutôt bonne. On retrouve un certain ton poétique dans la vision de la vie. On essaye de nous faire prendre conscience du problème réel des personnes âgées encore trop souvent délaissées dans ce genre de lieu, sans aucune visite de proches. On ressent chez les patients la nostalgie d’un amour perdu, d’un succès passé ou de traumatismes de deuil. Malheureusement, la manière de découvrir ces histoires devient déplaisante au fil du temps.
De plus, la sauvegarde ne s’effectue qu’à la fin d’un chapitre, donc une fois lancés, prévoyez de finir la journée ou bien vous devrez tout recommencer (oh non !). Ajoutons à cela, qu’en lançant une nouvelle partie, on écrase d’office la sauvegarde précédente, et on n’a même pas la possibilité de passer les cinématiques de départ que l’on a déjà vu (et c’est très lent !).
Vous reprendrez un peu de soupe ?
La pénibilité du jeu réside essentiellement dans son rythme et ses animations approximatives. On évolue librement dans le dirigeable, mais on est tout de même limité dans les commandes. On se déplace de gauche à droite avec le joystick, et pour naviguer entre les étages, on emprunte les escaliers ou l’ascenseur. Pour ce faire, on appuie sur A lorsque l’option “head up”, “head down” ou “use elevator” apparaît. Ces actions sont très lentes. On doit attendre patiemment que Casey ait fini de prendre les marches ou que l’animation de l’ascenseur soit terminée.L’ambiance globale est elle aussi très lente. Les échanges avec les patients se traînent et on se retrouve parfois à rester assis dans la chambre de l’un d’entre eux sans discuter. Le temps en jeu semble ne jamais avancer tant la sensation d’ennui est pesante. Un chapitre dure environ 1h20 de temps de jeu, mais en ressenti, il nous a semblé que chacun durait bien plus.Pour couronner le tout, la direction artistique ne nous a pas touché avec son style de dessin enfantin aux contours imprécis. Les animations ne viennent pas amoindrir la peine. Nous respectons ce parti pris graphique auquel nous n’avons pas été sensible, en revanche, il n’est pas acceptable de se retrouver face à des bugs de collision et des animations branlantes.
On ne compte plus le nombre de fois où des personnages se sont retrouvés à faire une action imaginaire. On s’explique : sur la photo ci-dessous on voit mamie Ida manger son bol de soupe au réfectoire, mais sans bol, et menant la cuillère non pas à sa bouche, mais à son menton. On voit aussi régulièrement Casey se pencher pour faire une action, mais le sac à main qu’elle porte, lui, reste en lévitation et passe au travers de son corps. Normal quoi.L’hallucination a été à son summum lorsque nous étions assis au bureau vide de notre mère, et que le personnage de Maman (continuant indépendamment à faire ses actions), a décidé de venir s’installer à son poste pour travailler. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est assise sur nous, donnant le résultat que l’on voit sur l’image ci-dessous. Une aberration !
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