Guerre des consoles : ce qu'en disent les chiffres

Microsoft transforme le plomb en or

La division jeu perd de moins en moins d'argent (173 millions de dollars en 2005, 96 millions en 2006). Le 30 juin 2008, la division gagnera enfin de l'argent, certes non sans avoir requis quelques milliards de dollars d'investissements au cours des dernières années. Un investissement qui pourrait donc s'avérer payant, mais pas tout de suite : si près de 6 millions de consoles ont été expédiées dans le monde à ce jour, c'est en-deça des prévisions de Microsoft qui espérait franchir le cap des 10 millions de machines au moment où Sony mettrait sa propre console en vente... Les ambitions pour cette année fiscale sont aussi optimistes : 13 à 15 millions de machines au 30 juin 2007, voilà ce que Microsoft aimerait bien pouvoir vendre.

A l'heure actuelle, Microsoft peut se vanter d'avoir réussi à sortir sa console partout dans le monde, le même jour, ou presque. A vrai dire, les choses ne se sont pas passées aussi bien que prévues, et Nintendo s'est même promis de ne pas essayer de faire la même chose. Microsoft a vécu de gros problèmes d'approvisionnements (cela peut sans doute partiellement expliquer pourquoi les prévisions annoncées n'ont pas encore été atteintes).


La XBox 360 a déjà un an de présence sur le marché
Si 6 millions de consoles ont été vendues, 3.6 l'ont été aux USA, 1.7 en Europe et 0.7 au Japon. Il manque 4 millions de consoles pour atteindre l'objectif annoncé, ce qui peut sembler étrange quand on est tout seul sur le territoire encore vierge des consoles next generation... Reste que le dernier communiqué de Microsoft est sans équivoque : la Division Entertainment and Devices a vu ses résultats progresser de 70% grâce à la demande de XBox 360 : 1 milliard de dollars de revenus pour 96 millions de pertes, donc. La firme est aussi boostée par les abonnements au service Microsoft Live (4 millions d'abonnés). Ca fera mal quand la division Entertainment and Devices sera aussi profitable que les autres entités du groupe : il faut savoir que la division Clients fait 2.6 milliards de dollars de profits sur 3.3 milliards de ventes, que la division Microsoft Business fait 2.25 milliards de profits sur 3.42 milliards de ventes... Impressionnant, pour ne pas dire effrayant !

Mais Microsoft a aussi ses propres démons. La XBox 360 n'est pas une console, c'est un monstre de puissance. Et qui dit monstre de puissance dit aussi gouffre financier tant pour Microsoft que pour ses clients. Ceux-ci se bousculent pourtant au portillon avec près de 6 millions de machines vendues en un an. D'une certaine façon, cela va dans le sens des aspirations de Microsoft qui voulait imposer sa console vite et bien en prenant de court Sony et Nintendo. Mais d'un autre côté, perdre de l'argent sur chaque console finit par coûter cher : les estimations sont nombreuses. On a pu lire 126 dollars par machine dans Business Week, qui avait même calculé le coût de chaque composant dans la machine : nue, la console reviendrait à 470 dollars, auxquels on devrait ajouter les 55 dollars des accessoires comme les câbles et manettes.

Depuis la XBox, Microsoft mise sur le logiciel et non sur le hardware pour faire les beaux jours de sa Division Entertainment and Devices. Le lancement de la 360 le 22 novembre 2005 n'a rien changé : avec un processeur IBM estimé à 106 dollars dans la machine, on comprend mieux pourquoi les semi-conducteurs constituent 72% du coût de la console. Reste qu'avec le temps, les prix baissent... mais c'est aussi valable pour la console elle-même. Un peu coincé, Microsoft réfute pourtant toute possibilité de baisse de prix de sa console à l'approche de Noël et des sorties de la PS3 et de la Wii. La situation est loin d'être aussi dramatique que pour la PS3 : Microsoft a tiré un trait sur le lecteur HD en choisissant un lecteur DVD estimé à 21 dollars, la console est en vente depuis un an, et surtout la PS3 coûtera beaucoup plus cher et sera disponible en bien plus petites quantités. Dans le même temps, Microsoft travaille pour diminuer le coût de fabrication de sa machine, et semble sur la bonne voie...


Microsoft va lancer son propre lecteur HD, en accessoire.
Pour rendre la situation plus délicate pour Sony, Microsoft va aussi commercialiser son propre accessoire Haute-Définition. On s'en doute, MS supporte un standard différent du Blu-Ray qui coûte si cher à Sony. Microsoft et Toshiba vont en effet lancer une grande offensive qui rappellera certainement la grande bataille du VHS contre le Beta, David contre Goliath, le monde contre Sony. L'add-on de Microsoft coûte 200 dollars (199 euros), une bagatelle face aux 500 livres (747 euros) d'un lecteur HD 'classique'. Ajoutons à cet avantage le pack comprenant une console, un lecteur HD et les petits bonus comme King Kong HD pour soudain se dire qu'il y a peut-être une bonne raison de s'équiper.

Pour Microsoft comme pour Sony, la bataille ne se fait pas là où on croirait : c'est l'autre challenge qui les intéresse, celle du format Haute-Définition qui permettra à l'un comme à l'autre de finalement imposer son standard. Pendant ce temps, un certain Nintendo continue de garder le pur jeu au coeur de sa propre stratégie, faisant fi des engagements industriels pris par les autres. Pour Nintendo, une nouvelle machine doit d'abord permettre de jouer, et cette façon de jouer doit changer si on veut assurer la croissance du marché.