Guerre des consoles : ce qu'en disent les chiffres

Nintendo : qui ne tente rien n'a rien !

Car Nintendo a peur. Nintendo a peur que le marché du jeu vidéo ne se réduise au fil des ans, comme c'est déjà le cas au Japon. Le fait est que si une part de marché a diminué, c'est bien celle de Big N. On se souvient de l'omniprésence de Nintendo lorsque la NES était seule... Depuis l'arrivée de Sony, les temps sont plus durs : 100 millions de PS2, mais seulement 20 millions de GameCube. Ca ne trompe personne.


Toute petite, la Wii !
Alors il fallait trouver la bonne approche pour éviter que la part de marché ne continue à diminuer encore. Avec la DS, Nintendo applique un principe, celui de la Blue Ocean Strategy. Cette stratégie vise à choisir un nouvel angle pour imposer ses consoles. Le sujet n'est pas de savoir si cette stratégie est bonne, mais de savoir si Nintendo est de mesure à lutter contre les deux géants de l'électronique.

Quand Nintendo gagne un Euro, celui-ci vient exclusivement du jeu vidéo. Rappelons que la division SCE de Sony n'est qu'une des nombreuses divisions d'un groupe gigantesque, tandis que la division Entertainment and Devices doit son salut au cash-flow de la division Clients. Chez Nintendo, l'échec d'un produit, c'est un échec tout court. Reste que Nintendo est présent sur plusieurs marchés qui se soutiennent les uns des autres : à la fin des années 1990, quand la N64 peine face à la PlayStation, surgissent les Pokémon. Ceux-ci se sont imposés comme la seconde franchise derrière Mario, avec 143 millions de jeux vendus en mai 2006 (pour info, Mario, c'est 285 millions de jeux vendus !). En 2000 et 2001, Nintendo lance la GameCube. Celle-ci démarre plutôt bien, mais les ventes piétinent vite. Le marché portable sera alors l'issue de secours inattendue, avec tout d'abord des ventes de GBA très fortes, puis la sortie de la Nintendo DS.

La sortie de la Nintendo DS est apparue aux yeux de beaucoup comme un challenge. Pour Nintendo, c'était finalement le seul moyen de sortir d'une dynamique industrielle dans laquelle elle n'avait aucune chance : Sony a les moyens de concevoir son système et d'en absorber le coût. Pour Nintendo, qui commande ses composants à des fabricants, la situation est tout autre : il lui faut tenir compte de la réalité du marché, en concevant une console qui ne coûte pas d'argent. C'était un des premiers éléments du cahier des charges de la Wii, et aussi un des premiers argument d'un Nintendo en quête de la confiance des investisseurs.


La DS Lite : tactile et jeux inédits pour attirer les non-joueurs
Pour récupérer cette confiance, il a fallu jouer à quitte ou double, en lançant une nouvelle ligne de produits, appelée troisième pilier par Nintendo : il s'agit de la DS, une console de jeux qui se concentre sur le jeu avec des fonctionnalités uniques par rapport à la nouvelle machine de la concurrence. Si la PSP se montre comme une PS2 de poche, la DS joue la carte de la simplicité d'utilisation : un écran tactile qu'on utilise avec un stylet, la possibilité de jouer en Wi-Fi, gratuitement... et la rétro-compatibilité GBA. Ces trois éléments font mouche, mais ils ne suffisent pas. Car ce qui intéresse Nintendo, c'est celui qui n'a ni GBA ni PSP : le non-joueur. Nintendo lance plusieurs jeux pour cette catégorie de joueurs : Nintendogs s'est vendu à 7 millions d'exemplaires, la famille des Brain Training à plus de 10 millions... La popularité de ces jeux permet à Nintendo de vendre des consoles par millions : en 6 mois, 10 millions de DS ont été vendues. Et cela ouvre des portes : les vrais jeux connaissent eux aussi le succès, NEW Super Mario Bros s'est vendu à 6.7 millions d'exemplaires en quelques mois. Un vrai succès. 9 jeux se sont vendus à d'un million d'exemplaires, on connaît des éditeurs qui doivent être contents.

Quand les ventes de consoles et de jeux s'envolent, les profits suivent, et Nintendo ne voit aucun ralentissement à attribuer au lancement de la Wii : 6.2 milliards de dollars de ventes pour 843 millions de dollars de profits, au 31 mars 2007. Dans ces chiffres, on trouve les 4 millions de Wii que Nintendo pense vendre d'ici Noël, et les deux autres millions prévus entre janvier et mars 2007. Après l'évocation du coût hardware chez Sony ou Microsoft, on se dit que vendre 4 millions de consoles doit être exhorbitant : eh bien non, puisque Nintendo assure être en mesure de gagner de l'argent sur chaque console vendue. Une bonne façon de pérenniser une entreprise...


Nintendo doit plaire tant aux joueurs qu'aux non-joueurs.
De par ses composants matériel, la Wii est plus un pari marketing qu'un pari industriel, au même titre que la DS à sa sortie : Nintendo ne mise pas tout sur la puissance du processeur, mais sur ce qui permet de jouer. Il est alors facile de faire le parallèle entre la DS et la Wii, cette dernière étant plus difficile à mettre entre les mains de ces non-joueurs qui ont fait les beaux jours de la DS : l'arrivée de Cérébrale Académie ne surprendra donc personne, il s'agit d'un jeu qui pourra attirer à la Wii ceux qui ont joué à la version DS.