L'âge d'or de la SNES maintenant dans votre poche !

Ce rythme se paye néanmoins par la durée de vie, qui se situe dans les 25 heures de jeu. Cela peut sembler court, mais il faut compter avec le mode new game +, qui permet de tout recommencer avec les stats et équipements de fin de jeu, et donne accès à une pléthore de fins alternatives à trouver.

Ce testeur est de plus de l'avis que mieux vaut un jeu court et bien rempli, plutôt qu'un pavé de 80h rempli de missions inutiles. A ce titre, Chrono Trigger reste exemplaire.

Bref, même plus de 15 ans après sa sortie, Chrono Trigger n'a pas vieilli. Son scénario, ses personnages, et son gameplay restent aussi frais aujourd'hui qu'à l'époque. Reste alors à savoir si ce port lui fait honneur.

Un jeu qui traverse les âges

Analysons donc les aspects techniques de cette version DS, qui risquent d'en faire grincer plus d'un : il s'agit en effet d'un port direct de la version Super Nintendo, sans améliorations comme dans les remakes de Final Fantasy III ou IV.

Certes paresseuse, cette approche semble pourtant adaptée au titre. Cela, parce que Chrono Trigger est un des plus beaux jeux que la Super Nintendo a pu nous offrir : les sprites, qu'ils soient des personnages principaux, des ennemis de base ou des boss, sont grands, bien animés, ont des mimiques expressives, et gardent la patte de Akira Toriyama. Idem pour les décors, variés, fins, détaillés, et emprunts d'une féerie certaine. L'écran de la DS est parfaitement proportionné pour accueillir ces graphismes, et ils conservent dans ce port toutes leurs qualités d'antan. Autant les deux jeux susmentionnés avaient besoin d'une nouvelle couche de peinture virtuelle, autant celui-ci reste magnifique laissé tel quel, même comparé à la production actuelle DS.

Quant à la musique, la mythique bande-son de Yasunori Mitsuda et Nobuo Uematsu est fidèlement reproduite dans ce port. Le thème déprimant du futur sans espoir de l'an 2300, la marche triomphale du château royal de l'an 800, et le thème mystérieux de Schala/Sarah ne sont que des exemples des pistes mémorables qui composent cette géniale bande-son. Avec de bons écouteurs, l'expérience est identique à celle de la Super Nintendo, ce qui est rassurant vu les erreurs entendues dans le port PS1 du jeu.
Seul petit problème : certains bruitages sont de piètre qualité, et d'autres n'ont rien à voir avec leurs homologues Super Nintendo. Etrange, mais peu dérangeant en fin de compte.

Des nouveautés passables

Attardons-nous enfin sur les bonus contenus dans cette version DS. Tout d'abord, elle comprend tous ceux contenus dans l'affreuse version PS1 (heureusement sans les loadings incessants et les musiques bizarres). On a donc droit à une encyclopédie sur les ennemis, les magies et les items, ainsi qu'un sound test, un répertoire des fins obtenues, et des cinématiques animées optionnelles venant ponctuer le jeu. Plutôt appréciable !

Cette mouture DS apporte en plus une nouvelle interface, deux donjons supplémentaires et une arène de monstres. La nouvelle interface de combat est pratique. Jouable au stylet et au pad, elle concentre les options sur l'écran du bas, libérant celui du haut pour laisser la place aux persos et ennemis. Que les puristes ne soient pas déçus : il est possible de mettre l'ancienne interface, identique à la version Super Nintendo.

Passons vite sur l'arène des monstres, une option tellement anecdotique qu'elle ne mérite pas plus que ces quelques mots. Ce sont plutôt les donjons bonus qui forment le coeur des nouveautés de cette version DS, et il est navrant de constater que leur qualité varie du médiocre à l'affreux. Le premier donjon est affligeant de nullité, il consiste en une série de quêtes forçant le joueur à monter et descendre la même montagne en boucle pour aller chercher et ramener des objets divers. A croire que les développeurs de cette chose n'ont jamais compris ce qui rend Chrono Trigger si génial..

Le deuxième, qui comprend en fait trois sous-donjons différents, s'en sort légèrement mieux. La moitié consiste à refaire des bouts du jeu choisis aléatoirement (youpie…) et l'autre à explorer de nouveaux lieux remplis de « gimmicks » qui n'ont rien à faire dans Chrono Trigger : labyrinthe de téléporteurs, passage « surprise » forcé avec les persos inutilisés par le joueur, portes à sens unique… Cette deuxième quête aboutit sur une nouvelle fin, qui tente douloureusement de faire le lien entre ce jeu et Chrono Cross, la suite sortie sur PS1. Elle propose également de trouver un set de nouveaux objets ultimes plutôt réussis, car certaines des armes finales du jeu original laissaient à désirer. Et… voilà, c'est à peu près toutes les qualités du contenu bonus.

Toujours aussi inoubliable !

C'est là qu'apparaît toute la difficulté de noter un jeu comme ce Chrono Trigger DS. Faut-il applaudir ce chef d'oeuvre, qui n'a pas pris une ride et reste aujourd'hui une référence du RPG ? Ou faut-il sanctionner le port facile, vendu au prix fort et avec un contenu bonus déplorable ?

Prenons un peu de perspective : c'est la première fois que ce jeu arrive en français en Europe, dans une version que je qualifierais d'ultime. Oui, les nouveaux lieux sont médiocres, mais les autres bonus venus de la PS1 sont les bienvenus, et le portage en tant que tel est quasiment parfait.