Naruto : vite joué, vite oublié !

Un jeu habité par le démon...

Naruto Ninja Destiny est une adaptation du célèbre manga éponyme, qui aurait pu bénéficier d'un graphisme tout en cell-shading. Les développeurs ont en revanche choisi de le rapprocher davantage des graphismes réalistes que de l'univers animé du manga original. Choix qui en décevra plus d'un, tant pour l'éloignement induit qu'en raison des faiblesses graphiques du titre.

L'aliasing des personnages est l'une des premières choses qui se fait sentir à ses abords, ce qui dévalorise fortement le rendu. Qui plus est, les challengers n'ont apparamment pas fait l'objet d'un travail forcené au niveau des détails.

Ajoutons à celà des textures assez douteuses sur le plan des décors, assez vides, mais qui ont toutefois le mérite d'être très proches de l'univers de Naruto. On notera quand même la qualité du jeu de lumière sur les personnages, qui, même discrète, tente de nous faire oublier le reste. La projection des ombres sur le sol est quant à elle à la rammasse, affichant pour tous les combattants une même tache noire pixellisée du plus mauvais goût. Et c'est d'autant plus dommage que l'opus aurait eu la possibilité de produire des visuels davantage attrayants. La DS en a les capacités.

La confusion du titre

Cet énième épisode de la série Naruto se veut avant toute chose un jeu de combat complet. Le joueur se voit d'entrée proposer une palette de modes, allant de de l'option 'histoire' à celle du 'combat', en passant bien sûr par l'ajout d'un mode de 'combat avec un ami'. Le mode histoire a au moins le mérite de nous plonger dans une sorte d'intrigue, mêlant tous les personnages dans des affrontements successifs. Il n'y a malheureusement pas de réelle cohésion d'un combat à un autre : ils semblent plus relever d'un choix aléatoire que de la constitution d'une histoire solide.

Cette ébauche de trame comporte également un vocabulaire propre à la saga, qu'ils sera impossible de décrypter pour les non-initiés. Les transistions, somme toute modestes, sont assurées sous forme de dialogues, alors que le joueur aurait préféré admirer des cinématiques. La question de mise en forme ne peut être abordée sous un angle d'indulgence, puisque Naruto Ninja Destiny se contente du minimum.

Hokage tu seras

Au niveau du combat, la confusion se fait également sentir. Les indications quant à la jouabilité sont quasiment absents dans le jeu, ce qui fait que vous devrez apprendre par vos propres moyens, à tâtons. Ce n'est pas la meilleure approche pour un jeu de combat, loin de là. Si la Nintendo DS tire principalement sa force de son jeu au stylet, l'opus quant à lui ne va pas chercher très loin pour sa gestion interactive : on retourne au stade des boutons et des bonnes vieilles gachettes latérales. On voit mal ce qui pourrait pousser à préférer cette version à d'autres, en raison de ce peu d'inventivité.

On passera donc la plupart du temps à mitrailler les boutons principaux pour venir à bout des adversaires. On notera au apssage la présence de certains items sur l'écran tactile. Leur utilité n'est cependant pas précisée, et leur signification ne peut être devinée : en dehors de l'item coeur qui maintient à niveau votre barre d'énergie, ces autres objets resteront inconnus au bataillon, et sombreront donc dans un oubli certain. Les personnages sont autant d'identités que le joueur peut incarner lors des affrontements. Cependant, au delà de l'apparence physique, la palette d'actions et de coups ne varie guère d'un combattant à l'autre.

En d'autres termes, seule votre préférence arbitraire et pure justifiera votre changement de personnage. La seule chose qui pourrait éventuellement participer à cette motivation est le coup spécial, qui lui n'est pas le même, mais n'est absolument pas une preuve de maîtrise de la part de celui qui l'emploie, dans la mesure où les dégâts sont extrêments importants comparés à la facilité de l'action. Son usage sera donc une affaire de mérite. Préférerez-vous mettre au tapis un adversaire de vos propres mains, ou l'annihilerez-vous d'un simple coup spécial ? C'est à vous de choisir.

Mais où est passé l'intérêt ?

L'intérêt est sans doute la plus grande faiblesse de ce titre. On a tôt fait de se demander comment une grande série telle que Naruto peut se livrer à des versions vidéo ludiques aussi pauvres. A aucun moment vous ne serez gagné par la fièvre de la découverte, l'envie d'aller plus loin dans l'opus, que vous soyiez initié ou non.

La durée de vie du titre n'arrangera pas ce sentiment d'inachevé, dans la mesure où le mode histoire s'exécute en quelques minutes, et n'est au final qu'un ersatz aléatoire du mode combat. Bien courageux le joueur qui peut se vanter d'avoir récupéré tous les personnages ! Les moins acharnés abandonneront très vite cet objectif fou pour ranger le jeu dans un coin de la chambre, et passer à autre chose.