Test de Chocobo GP : le Fortnite des Mario Kart like ?
Craquer pour Chocobo GP quand un certain Mario Kart 8 Deluxe est en passe de tout emporter sur son passage c’est faire preuve de résistance ? Ayez le porte-monnaie bien accroché dans ce cas !
TestUne réussite graphique et un casting large et diversifié
La première chose qui saute aux yeux en lançant le jeu c’est indéniablement le soin apporté aux graphismes. L’explosion des couleurs est spectaculaire. Les menus comme les circuits accrochent tout de suite l’œil et ravissent les joueurs en mal de jeux de plus en plus nombreux sombres, mornes et ternes. Rien de cela avec Chocobo GP et ses musiques enjouées, certaines empruntées aux épisodes canoniques des Final Fantasy et d’autres spécialement conçues pour cet épisode, la fête est de mise !Impossible de s’endormir avec ce contenu à l’esthétique accrocheuse, ce ne sont d’ailleurs pas les quelques petits temps de chargement fréquents mais courts qui viennent gâcher la fête. Le jeu est un plaisir à lancer et à faire tourner.
Que serait un jeu de course sans un roster de personnages étoffé, généreux et diversifié ? Sur ce plan Square Enix a mis les petits plats dans les grands. Ce sont plus de vingt personnages qui sont proposés aux joueurs. Tous issus de l’univers Final Fantasy au sens large, on retrouve à la fois les Chocobo traditionnels mais également des personnages propres à la série principale.
Chaque personnage dispose de ses capacités propres et d’un véhicule spécial. Les sensations sont variées, selon la vitesse, l’adhérence, l’accélération et le dérapage. Ajoutez à cela des personnalisations cosmétiques mais aussi une déclinaison du véhicule selon trois variantes qui permettent de trouver aisément chaussure à son pied, si tant est que vous ayez pris les options correspondantes, ce qui est loin d’être gagné, nous reviendrons sur ce point.
Des sensations de conduite en-deçà mais un arsenal offensif reluisant
Et sur le bitume est-ce une affaire qui marche ? La question est délicate à trancher. On voit en effet que Square Enix entend s’attirer les faveurs d’un public jeune avec une conduite rapide et peu exigeante, des véhicules à la physique approximative et surtout une panoplie d’options en jeu qui permettent de compenser une tenue de route médiocre.Concrètement la formule rappelle d’assez près l’expérience Mario Kart avec des circuits en trois tours, des super démarrages au départ, un système de dérapage, une possibilité d’accompagner le petit saut d’un tremplin d’une pirouette dans les airs pour bénéficier d’un boost à l’atterrissage et surtout de gadgets en tous genres pour embêter ses adversaires.
C’est sur ce dernier point d’ailleurs que le jeu se démarque le plus de la licence de Nintendo. En effet ne comptez pas seulement sur des bonus disséminés sur la course à ramasser et à utiliser dans la foulée. Il faut compter sur un système plus élaboré, peut-être même trop tant il occupe d’importance dans le classement final des courses.
Des bonus sont dispersés sur les circuits sous forme d’œufs magilithes, bronze, argent ou or, qui permettent de récupérer plus ou moins d'effets d’un coup. Ces bonus magilithes renvoient chacun à un élément et permettent d’utiliser des capacités essentiellement offensives ou des assistances pour remonter le peloton. On retrouve ainsi une attaque enflammée qui carbonise son adversaire, une attaque de glace qui le pétrifie quelques instants, une tornade pour le dérouter ou encore une flaque d’eau qui fait office de flaque d’huile.
Les bonus sont cumulables trois fois, soit qu’il s’agisse de trois différents auquel cas on se concocte un petit stock ravageur, soit que deux, voire les trois, soient identiques et alors la puissance du bonus grandit. La petite boule de feu devient ainsi une météorite visant le personnage devant et lui tombant dessus après quelques secondes (attention pour le lanceur de ne pas être trop près pour ne pas subir un retour de flammes peu sympathique).
Autres items à ramasser sur les circuits : les cristaux. Ceux-ci sont très utiles car ils s’accumulent et remplissent petit à petit une jauge qui une fois pleine libère notre capacité spéciale. Cette aptitude est propre à chaque personnage et constitue un critère de choix au moment de choisir qui incarner. Il s’agit d’attaques souvent très utiles et très puissantes, qui permettent pour certains de prendre de la vitesse et coiffer ses adversaires sur le poteau ou bien d’user d'attaques redoutables. Vraiment un plaisir à utiliser !
Toutefois, le trop est l’ennemi du bien, aussi se retrouve-t-on vite submergé par toutes ces options au point que le jeu en devienne souvent cacophonique et que la course tienne plus d’une foire d’empoigne que d’un défi de vitesse. Pire, la surabondance de ces objets et aptitudes finit par annihiler le plaisir (relatif) de la conduite et rend les résultats bien souvent aléatoires car sujets à un acharnement de la part des autres personnages nous réduisant à une misérable huitième place alors que tout s’était bien déroulé avant ou bien au contraire, cela nous permet de remonter inopinément en tête sans avoir pratiquement à faire d’effort.
Évidemment les plus jeunes apprécieront sans doute ces aptitudes magiques qui offrent le goût de la victoire à coups de pouvoirs bien placés, pourtant on émet quelques doutes sur la réelle accessibilité du jeu pour le public moins âgé.
En effet au-delà des objets très présents en jeu, il faut également compter avec des circuits parsemés de pièges en tous genres, de passages quelques fois retors et surtout, d’une durée de course minuscule.
A-t-on déjà vu plus court que des circuits en trois tours où chaque tour ne dure même pas une vingtaine de secondes ? Loin d’être anodin, ce cas de figure se présente souvent en jeu, laissant une impression de manque et surtout d’immédiateté qui ne plairont pas à tous les joueurs.
Un contenu généreux qui ne brille en revanche pas pour son modèle économique indécent
Si le jeu plaide pour une abondance de contenus offensifs sur la piste, il n’est pas en reste dans son contenu global hors des courses, même si un gros bémol doit être fait.Commençons par les menus. À côté des traditionnelles courses contre la montre, avec possibilité de se mesurer à des fantômes enregistrés mais également les fantômes des meilleurs joueurs du monde ayant enregistré les leurs, on retrouve un mode grand prix classique où l’on s’affronte en solo ou en duo en écran splitté sur quatre courses qui s’enchainent. Du très classique mais généreux car les coupes sont nombreuses, autant que d’épisodes de Final Fantasy.
On trouve par ailleurs un mode multijoueur permettant de jouer en local et en écran splitté à deux ou bien jusqu’à huit en ligne ou en multijoueur local avec chaque joueur possédant sa console mais pas obligatoirement une copie du jeu. En effet a possession de la version démo du jeu, baptisée Chocobo GP Lite, suffit.
Cette version démo offre un accès, outre ce multijoueur local, au prologue du mode histoire mais également à la nouveauté la plus originale du titre, les grands prix en ligne à 64 joueurs !
Un mot sur le mode histoire original pour un jeu de la sorte qui nous permet d’intégrer un à un les nombreux personnages du roster ainsi que les magies magilithes. Ce sont une petite dizaine de chapitres qui s’enchainent, proposant des phases de dialogues entre les personnalités hautes en couleurs des protagonistes autour d’une grande compétition et des courses avec des défis offrant des récompenses utiles en boutique.
Agréable à faire, disponible en deux modes de vitesse (débutant et maître), l'histoire risque néanmoins de proposer un certain niveau de difficulté pour les plus jeunes joueurs tant les courses peuvent s’avérer mal ficelées et c’est justement un problème quand le ton adopté dans l’écriture de l’histoire est résolument enfantin. Les personnages sont en effet de petits plaisantins assez gentillets taillés pour séduire les plus jeunes.
Le fameux mode GP Chocobo sur lequel le trailer de présentation du jeu capitalisait beaucoup constitue le morceau de chef de ce jeu. Uniquement accessible en ligne, ce mode permet en effet de voir s’affronter au cours de quatre phases 64 joueurs avec un système de matchs éliminatoires. Lors de courses à 8 joueurs, seuls les quatre meilleurs sont sélectionnés et peuvent continuer la compétition jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que 8 à s’affronter.
On aime l’idée originale, on apprécie le fait de trouver rapidement des adversaires de niveaux assez équilibrés depuis les moins bons aux plus redoutables, même si là encore, quoi de plus frustrant de se voir éliminer à cause d’un déferlement d’attaques fusant de toute part.
Participer à ces grands prix est réellement au cœur de l’expérience du jeu car c’est en accumulant les participations que l’on est en mesure de gonfler les quantités de collectibles que propose le jeu, à savoir des tickets, des pièces d’or et une jauge de progression. Cette dernière fonctionne sur le principe d’un système de leveling et de paliers qui devrait parler aux amateurs du jeu Fortnite.
Le jeu d’Epic Game est manifestement passé par là car Square Enix a repris purement et simplement l’expérience du Battle Royal, avec une progression de niveau en niveau où des récompenses se débloquent lors du franchissement de certains paliers.
Comme Fortnite, Chocobo GP se dote également d’un pass spécial permettant d’accéder à une seconde progression bien plus généreuse en récompenses, avec des gains importants de collectibles à chaque niveau mais aussi des bonus spéciaux.
Ce système s’accompagne d’une boutique très fournie qui permet de dépenser tous les objets collectés. Chaque monnaie permet d’accéder à des récompenses variées permettant de personnaliser son expérience.
Depuis les fonds d’écran pour la page d’accueil du jeu, en passant par de nouveaux personnages, d’autres versions des véhicules, des packs de couleurs, des musiques mais aussi des costumes pour déguiser ses personnages, ce sont mille et un bonus à débloquer et ce malgré des compteurs de monnaie pourtant bien maigres quand vous lancez le jeu et même après une dizaine d’heures de jeu.
C’est en effet un grand manque de considération de la part du studio qui propose ni plus ni moins qu’un produit qualifiable de jeu en kit avec ces récompenses accessibles seulement au prix d’un temps colossal passé à jouer et pire, pour les récompenses seulement accessibles via les cristaux de mithril, seulement engrangeables via des achats en réel dans le Nintendo Eshop.
Avec un prix de base de 49,99€, on s’insurge devant une pratique assez peu élégante. Elle encourage au moment de choisir son personnage de le personnaliser mais qui dans les faits n’offre que des moyens bancals d’y parvenir. Il faut soit passer un temps très important à accumuler des défis quotidiens et hebdomadaires en participant à des dizaines et des dizaines de tournois à 64, soit progresser rapidement dans les paliers via les achats grâce au mithril (seulement accessible via de l’argent réel).
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