Destroy All Humans! ou le jeu à réserver à un public averti
Vous vous sentez déprimé dans votre vie ? Vous avez le sentiment que tout le monde vous en veut ? Vous ne supportez plus personne ? Parfait, ce jeu est fait pour vous ! Amis antihumains profitez !
TestLà où tout bon récit de science-fiction prend alors généralement le parti des découvreurs humains, le titre prend le contre-pied en nous plaçant rapidement à bord du vaisseau mère de la race extraterrestre des petits hommes verts (gris en réalité) où le drame ne laisse pas indifférent.
Décision est prise de dépêcher un compatriote d’Octo-136, Octo-137, autre itération génétiquement modifiée d’une espèce en mal de reproduction, afin de déterminer ce qui s’est passé sur cette planète inconnue peuplée de drôles d’aborigènes.
Un gameplay entre bourrin et infiltration
Le jeu enchaîne alors les missions riches et variées au cœur d’une image caricaturale à souhait de l’Amérique profonde, celle de la campagne où les jeunes adolescents s’ennuient mortellement entre chaleur écrasante et pool parties, des agriculteurs outrageusement idiots, des militaires à la virilité suintante et des pin-ups écervelées.Ces missions prennent place dans quelques environnements souvent proches visuellement : la campagne, la ville, le bord de mer, le désert. La narration est celle d’un échange entre le personnage d’Octo-137 que l’on contrôle et le commandant en chef de notre flotte qui donne les directives. Sur ses indications, nous partons à la découverte de cette nouvelle planète où l’on s’aperçoit vite que l’espèce humaine domine. L’objectif est alors de les exterminer… mais en toute discrétion, afin d’empêcher les autorités humaines de révéler à la planète entière qu’une colonisation alien est en cours.
L’intérêt du jeu réside en effet dans cette combinaison de missions alliant à la fois les combats frontaux et les phases d’infiltration au cours desquelles doit être exploité à bon escient notre large attirail d’armes et de compétences. Le jeu a la bonne intelligence d’alterner ces phases et de laisser parfois une relative liberté au joueur pour parvenir à ses fins, tout en indiquant les objectifs clairement sur la carte.
Les bugs ou blocages ne sont toutefois pas complètement absents de l’expérience, il est par exemple arrivé que nous devions recommencer telle mission car un des objectifs avait disparu ou bien que nous n’avions plus assez de munitions pour accomplir une tâche précise.
Ces tâches servent en effet souvent à introduire les nombreuses capacités dont Octo-137 dispose. Entre capacité électrique, télékinésie, télépathie, absorption de la cervelle de nos victimes (ou même bien pire), vous avez l’embarras du choix pour occire chaque être croisant votre chemin de la pire des manières.
Une panoplie de gadgets impressionnante
La même richesse est prévue pour aider à l’accomplissement des tâches infiltrées. Le plus souvent il s’agit de se mêler à la population grâce à la technique de morpho qui copie le corps de la cible pour un temps limité, en s’assurant de la recharger régulièrement en se nourrissant des pensées des passants.On apprécie également les options originales afin d’effacer temporairement la mémoire d’un témoin trop curieux ou bien l’hypnose pour s’attribuer les services d’un humain docile.
En revanche on peut reprocher au jeu son imprécision, son manque de renouvellement dans les tâches confiées et son irrégularité dans les niveaux. Il arrive en effet que les missions s’enchainent presque à l’identique dans les actions à effectuer : s’infiltrer discrètement, commettre un méfait afin de manipuler les humains… et in fine, absolument tout détruire avec la soucoupe volante dans des phases peu subtiles mais ayant le mérite de défouloir agréable.
Le défouloir c’est justement le terme approprié pour qualifier le mode bac à sable proposé après la réussite des missions, le jeu nous proposant de revenir dans l’environnement (les champs, la ville, etc.) pour effectuer des missions et tenter de finir le jeu à 100%.
Une réalisation (parfois) très décevante et (souvent) très cruelle
Côté réalisation, les déplacements d’Octo-137 sont agréables et les commandes répondent bien, toutefois le titre est brouillon à plusieurs égards, les personnages (trop) bavards et les environnements piquent un peu les yeux (notamment lors de cinématiques où le spectre de la Nintendo 64 n’est parfois pas si loin).Terminons sur notre impression du thème, des dialogues, de l’histoire et du ton du jeu. Certes les développeurs ont proposé une histoire parfois bien ficelée qui nous donne envie de poursuivre les chapitres à la manière d’un film, signe d’une bonne écriture. On peut d’ailleurs noter ce soin dans les écrans de chargement (parfois un tantinet longs) qui proposent des illustrations très immersives, façon affiches de cinéma.
On mettra toutefois en garde les potentiels joueurs contre le caractère loin d’être tout public du jeu. Le titre est classé PEGI 16 en France et pas sans raison. Si les exécutions à l’électricité sont cartoonesques, en revanche les cinématiques où Octo-137 prend un malin plaisir à torturer ses victimes lors d’interrogatoires sont pour le moins dérangeantes. Le jeu peine alors à apporter du recul et une autre voix : les êtres sont cruels, froids, sadiques, sans contrepied. Âmes sensibles, vous voilà prévenues.
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