Test de Them’s Fightin’ Herds : Mon Petit Poney… apprend à se battre !
Ou quand My Little Pony rencontre Street Fighters, voilà l’improbable fusion à l’œuvre dans ce jeu de combat exigeant, sans concession… ni aucun équilibre !
TestDes graphismes cartoon sur fond d’histoire enfantine
À qui s’adresse Them’s Fightin’ Herds? C’est la question lancinante qui occupe l’esprit du joueur se frottant au contenu de ce jeu singulier à bien des égards. Le jeu lorgne en effet tantôt du côté du titre enfantin, à la manière d’un conte où les adorables et paisibles herbivores craignent le retour des loups, corbeaux et autres ours, pourtant bannis il y a fort longtemps.Le joueur est ainsi amené à incarner vache, brebis, renne, etc. parmi une petite collection de champions ayant chacun leurs aptitudes afin de sauver le monde et au passage se castagner à foison.
Them’s Fightin’ Herds propose un mode histoire à la manière d’un jeu en 2D façon Zelda like voire même d’un Pokémon old school, avec quelques habitations, beaucoup de PNJ, enclins ou non à discuter, et bien sûr les traditionnels donjons ici gentiment labyrinthiques et peuplés d’ennemis qui déclenchent des combat phasés.
L’exploration au sein de cet univers certes coloré et varié sur le plan des ambiances ne suffit cependant pas à rattraper la lassitude et le manque de profondeur, pour peu qu’on ait dépassé l’âge de dix ans.
Si le jeune public est effectivement la cible visée par les équipes de Mane6, on serait tenté de dire « bonne pioche » avec un jeu lui permettant de faire ses armes en douceur avec une exploration en 2D, ponctuée de phases de dialogue, le tout dans une ambiance très cartoon qui accroche tout de suite l’œil.
Pourtant aussi innocent que ce mode histoire puisse paraître, ne vous y trompez pas. Them’s Fightin’ Herds recèle en réalité un gameplay redoutable qui l’éloigne radicalement de la simple déambulation bucolique et un peu puérile au départ escomptée. L’expérience s’avère être non seulement exigeante mais aussi par moment abominablement source de frustration.
Que les parents en particulier ne se méprennent pas quant aux intentions du jeu et au public auquel il se destine réellement. Them’s Fightin’ Herds tente le mariage difficile de l’univers innocent et enfantin avec un gameplay aux tendances hardcore.
C’est malheureusement un échec critique, la mayonnaise ne prenant pas, la faute en particulier à des commandes et une jouabilité tellement fournies qu’elles en deviennent indigestes.
Quand la richesse du gameplay confine à l’écœurement
Qu’attend-on généralement des possibilités de jouabilité d’un titre ? Que celui-ci ne se limite pas à un simple bouton unique d’attaque et d’action. On loue au contraire les mérites des jeux faisant le part belle aux actions variées, bousculant les habitudes et offrant au joueur une belle marge de progression.En apprenant progressivement les combinaisons ravageuses qui l’aideront à vaincre, ce dernier est en mesure de développer son propre style de jeu et de se faire une expérience très personnelle du titre.
C’est ce que tentait de faire Them’s Fightin’ Herds sur le papier mais malheureusement pour le joueur, cette ambition ne restera que de l’ordre du vœu pieu car dans les faits on assiste à une expérience au mieux chaotique, au pire parfaitement injouable.
Il n’y a en effet pas longtemps à attendre pour s’en rendre compte. À peine confronté à l’obstacle d’un ravin demandant de relier des parois lointaines en sautant, le jeu nous invite pour cela à effectuer un super saut. Celui-ci exige la combinaison d’au moins deux touches (un coup vers le bas suivi d’un coup vers le haut).
Sauf que pour une raison étrange, cette combinaison originale (exit ici le traditionnel double-saut si cher aux jeux de plateforme) mais pas extravagante, devient ridiculement acrobatique à effectuer. En effet vous aurez beau faire et refaire scrupuleusement l’enchainement, les chances pour que celui-ci fonctionne sont minimes.
Seule a fonctionné la prise à deux mains de la manette gauche et le fait d’appuyer pour ainsi dire presque en même temps sur les boutons de la croix directionnelle, expérience très naturelle s’il en est.
Loin d’être un cas unique, cette situation délicate se rencontre poussée à son paroxysme à la fois dans le tutoriel du jeu et plus encore dans les combats de boss. En effet un tutoriel très dense propose de vous enseigner les nombreuses techniques et combos que le jeu a à offrir.
Quelle tristesse de constater que beaucoup d’entre elles sont dans les faits loin d’être utilisables tant le timing pour enclencher les différentes actions sont mal calibrés sur Switch. Si l’on a vu des joueurs s’en sortir admirablement bien sur ordinateur au combo clavier souris, on ne peut en l’état que mettre en garde contre la version Switch du jeu qui ne tient pas la route.
Les combats de boss sont très certainement l’expression la plus manifeste du jeu totalement déséquilibré. Évidemment il s’agit de phases capitales dans la progression du mode histoire proposé, aussi le jeu attend du joueur qu’il les franchisse.
Pourtant, et même en ajustant le niveau de difficulté du titre, réglage qui ne peut se faire malheureusement qu’en début de chapitre et qui ne peut pas être changé en cours de partie pour une raison mystérieuse, ces affrontements reposent sur des mécaniques invraisemblablement compliquées.
Jouer à Them’s Fightin’ Herds au niveau de difficulté le plus bas risque fort d’ennuyer la majorité des joueurs qui se retrouvent face à des monstres aux crocs acérés mais qui s’avèrent être aussi doux que des agneaux.
Aussi on conseillerait fortement d’augmenter le niveau pour apporter un défi suffisant, quand bien même ces combats intempestifs n’apportent rien en termes de progression du personnage ou de récompenses malheureusement.
En revanche les choses se corsent quand vient le temps de contrecarrer les plans d’un boss. Ceux-ci imposent en effet des affrontements dantesques rythmés en plusieurs phases. Chacune d’entre-elles voit l’ennemi gagner en férocité et le combat se complexifier, jusqu’à ce que l’on comprenne les attentes du jeu et que l’on déchante devant le manque de finition de celui-ci.
À quoi bon proposer un niveau de difficulté enfantin et un jeu si simple si c’est pour laisser des affrontements contre les boss avec des phases requérant des réflexes et une rapidité que malheureusement cette version Switch ne peut supporter ?
La générosité du contenu
Vous l’aurez compris, on laissera, de force et non de gré la campagne solo pour se concentrer sur le contenu proprement combat très arcade du jeu. Celui propose en effet d’affronter en tête à tête l’IA au niveau potentiellement monstrueux, prête à multiplier les combos à foison, dans des affrontements en série qui s’enchainent.On retrouve, cela va de soi, la possibilité de s’affronter à deux en local où chacun incarne un combattant tiré du roster enfantin du jeu. Outre leurs apparences qui diviseront certainement les joueurs et peineront à toucher les moins jeunes d’entre eux, les personnages disposent chacun de coups réellement variés et les sensations diffèrent d’un personnage à l’autre, l’un privilégiant les attaques magiques éloignées, un autre les coups brutaux, etc. On peut seulement regretter que le nombre de ces personnages ne soit pas plus élevé.
Enfin reste le mode d’affrontement en ligne qui permet de rejoindre un monde faisant office de salle d’attente où l’on peut rencontrer d’autres joueurs au sein d’un même serveur et ensuite prendre part à des affrontements en plusieurs rounds.
On perçoit alors ce que l’entraînement peut engendrer en termes d’amélioration sur sa capacité à remporter la victoire, même si là encore les capacités de la console ou plutôt le portage du jeu sur Switch dénote un manque flagrant de finition.
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