Une dose d’Half-Life et de Bioshock ?
Tout commence relativement mal pour vous car alors que vous étiez invité à participer à un Gala de bienfaisance suite au premier anniversaire de l’ouverture du Bradwell Stonehenge Museum pour récolter des fonds pour un important projet de purification d’eau mis au point par la compagnie Bradwell, permettant enfin d’éradiquer les problèmes d’accès à l’eau potable dans le monde, l’organisation dont l’action parait très philanthropique semble avoir été touchée par un nouvel attentat au cours de la soirée.
Vous vous réveillez peu après l’explosion, au sein du Bradwell Stonehenge Museum fortement dégradé, incapable de parler à cause de l’inhalation de nombreuses poussières qui ont endommagé votre larynx. Que s’est-il passé ? Comment allez-vous pouvoir vous sortir de ce bâtiment qui semble pouvoir à tout moment s’effondrer sur votre tête, voici le pitch de l’histoire car tout cela, vous allez le comprendre petit à petit, le jeu vous lançant dans l’action immédiatement sans réelle cinématique d’introduction.
Vous n’êtes pas seul.
The Bradwell organisation est une multinationale qui a effectué de nombreuses recherches technologiques. L’organisation ayant totalement adopté l’utilisation de lunettes à réalité augmentée, vous êtes guidé en permanence par une IA au niveau de ces lunettes qui vous donne quelques explications et surtout vous explique comment vous mouvoir.
Ce n’est pas très difficile car tout est regroupé au niveau des deux sticks, celui de gauche vous permettant de vous déplacer (et de courir en cliquant sur le stick), celui de droite vous permettant de regarder autour de vous, et de vous accroupir en cliquant dessus) mais vous remarquerez tout de suite qu’il vous manque une capacité au sein de ce jeu : celle de sauter.
Et cela va se montrer bien gênant puisqu’il faudra donc trouver le moyen de contourner les obstacles alors qu’un simple saut aurait pu faire l’affaire. Mais c’est pour rajouter un peu de complexité et vous obliger à chercher, donc on fera avec.
L’IA de vos lunettes à la Google Glasses apporte quelques interactions mais on va dire qu’elle se trouve globalement limitée, car vous êtes un simple visiteur. En revanche, en changeant de statut et en devenant un employé de l’organisation Bradwell, cela va permettre de vous ouvrir de nombreuses portes et surtout d’accéder à un petit joujou bien particulier. Un bon point de gameplay car en changeant de lunettes, cela modifie vos possibilités de joindre certains lieux aux accès autrement sécurisés.
Outre l’IA, une autre personne est également coincée dans ce dédale, une certaine Docteur Amber Randall. En communiquant tous les deux chacun de votre côté, vous avez peut-être un moyen d’agir et de vous sortir de ce guêpier. Enfin…communiquer est un grand mot car vous ne pouvez pas parler.
En revanche votre IA vous alloue un module photo qui vous permet désormais d’une simple touche R de prendre une photo et de l’expédier instantanément à Amber, qui pourra vous faire un retour d’analyse si la photo présente quelque chose d’intéressant.
Outre des indications pour résoudre quelques puzzles assez simples comme le moyen d’ouvrir une porte ou les objectifs à atteindre pour actionner un dispositif verrouillé, cela permet d’entendre quelques-unes de ses réparties, entre mauvaise humeur et réponses bien senties, notamment au sujet de la famille Bradwell, car si elle travaille pour eux, vous allez découvrir que sous cette apparente philanthropie se cachent quelques casseroles beaucoup moins reluisantes.
La Famille Bradwell
Etrange famille qui a bâti un empire grâce au génial fondateur John Bradwell en 1965, touche à tout ayant imaginé un nombre incalculables de gadgets pour améliorer votre quotidien et qui a donc fait la fortune de la famille. Nous sommes désormais en juin 2026 et c’est sa fille Mélinda qui est aux commandes, une femme au caractère bien trempé qui semble avoir une véritable paranoïa concernant les problèmes de sécurité.
Si certains aspects sont compréhensibles car on découvre qu’un précédent attentat a fait trois morts dans la famille, on se pose certaines questions quand on découvre le contrôle de l’information opéré par cette dame et certains liens financiers douteux. On le comprend en observant le décor, avec affiches, pièces dont l’usage nous est indiqué par notre IA. C’est un background assez travaillé quoique ce type d’histoire n’est pas véritablement innovant.
Comme l’aventure ne vous prendra qu’une poignée d’heure, cela vous permet tout de même de vous immerger un minimum dans l’univers du jeu. Bonne idée en revanche, les développeurs n’ont pas hésité à créer un véritable site internet Bradwell, accessible via
ce lien, qui nous permet d’en apprendre beaucoup sur le groupe multinational fictionnel.
Là où en revanche les développeurs n’ont pas suffisamment tiré parti de leur pitch de départ, c’est le lieu de l’action. Ok, on est à Stonehenge, mais pourquoi est-ce si important que cela ? On est le jour du Solstice d’été où l’alignement du soleil et de la structure mégalithique est parfait, mais cela reste pur élément de décor.
Il y a bien la narration de l’histoire du site, la découverte de galeries souterraines suites à des aménagements autoroutiers, la construction du complexe souterrain dans lequel vous êtes piégé, mais on aurait très bien pu déplacer l’histoire ailleurs car Stonehenge n’est jamais véritablement utilisé. Dommage, car cela donne un titre un peu bancal qui aurait mérité plus d’approfondissement de son scénario pour en faire un titre qui se démarque réellement de la concurrence.
La transfiguration de la matière
Non, nous ne ferons pas d’alchimie en transformant du plomb en or, mais votre coéquipière d’infortune est co-créatrice d’une invention assez géniale : l’imprimante à Substance mobile (on résumera par ISM), une sorte de pistolet qui utilise une étrange matière appelée le Bradwellium ou Substance, une matière programmable.
Il suffit de cliquer sur un objet (vous savez si c’est possible en voyant un + qui indique une interaction possible) en appuyant sur L qui vous permet de basculer du mode Interargir/récupérer au mode Imprimer/récupérer, puis vous appuyez sur la touche Y pour absorber l’objet qui se dématérialise devant vous, permettant ainsi à la machine d’obtenir un scan complet permettant ensuite de le dupliquer en autant d’exemplaire que vous le souhaitez.
Une limite cependant, chaque duplication consomme une unité de Substance, donc comme votre stock est plus que limité, il va falloir doser entre copie et absorption (pour récupérer une unité) de ce qui est devenu inutile. Le jeu bascule à ce moment dans une quête régulière pour trouver des pains de Substance en nombre suffisant pour pouvoir créer par exemple le nombre nécessaire de planches pour franchir un obstacle.
Pas désagréable au départ mais au bout d’un moment un peu routinier, vous passez votre temps à parcourir les niveaux dans tous les sens pour trouver la précieuse substance. Vous avez la possibilité d’orienter la matière créée avec la touche ZL mais ce n'est pas si simple, nous en reparlerons au niveau de l'ergonomie du jeu.
Le gameplay
Dans ce monde 3D semi-ouvert (car vous êtes tout de même bloqué dans un complexe), vous êtes fortement dirigé. Si la conception des niveaux ne souffre pas de critique particulière au niveau de leur agencement (c’est bien trouvé et plausible), vous êtes régulièrement confronté à des obstacles dont la réalisation de l’énigme conditionne l’avancée dans l’histoire.
Entre les demandes d’Amber, la voix de votre IA, vous avez toujours la liste des actions à réaliser et hormis quelques tâtonnements dans l’utilisation de votre ISM pour créer et orienter correctement vos planches pour franchir le premier obstacle de la salle test avec la lave par exemple, vous n'aurez jamais la moindre latitude d'action, vous êtes rarement libre de vos mouvements et il n’y a pas deux manières différentes de faire les choses.
Les objets possédant une interaction possible sont en nombre très limité, ce qui fait que vous avez l’impression de vous promener dans un décor sans en faire partie. La très bonne idée de dialoguer entre les personnages via l’envoi de photo n’est pas suffisamment exploitée, on se retrouve régulièrement face à des challenges similaires et à une action qui ne décolle jamais vraiment.
Dommage, toutes ces accumulations de petits défauts nous font amener à une durée de vie de cinq heures environ au maximum et surtout à peu de rejouabilité. On aurait pu souhaiter aussi une bascule régulière entre vous et Amber pour varier l’action mais cette dernière se débrouille toute seule une fois que vous lui avez envoyé une bonne photo utile et que vous avez réalisé une action bien précise.
Cette alternance des rôles aurait pu servir au gameplay et augmenter la durée de jeu. Là on reste déçu de ne voir en la personne d’Amber qu’une simple aide pour passer d’une énigme à une autre, cela manque de cinématiques. L’enrobage du titre n’est donc pas suffisamment travaillé pour retenir ce The Bradwell Conspiracy dans votre classement des jeux incontournables une fois son accomplissement effectué.
Si les commandes sont globalement simples (on a juste perdu du temps au départ pour comprendre comment se baisser), avec des vibrations bien utilisées, on note quelques bugs de collisions et une gestion de l’angle de vue quelque peu perfectible pour pouvoir agir rapidement lors de certaines interactions (comme cliquer sur certaines touches d'un panneau de contrôle sur certains murs).
Rien qui n’empêche de jouer hormis cette frustration régulière pour placer les objets dupliqués à certains endroits souhaités et qui ne veulent pas apparaître correctement, soit parce que l’on est situé trop près, soit l’objet apparaît à côté ou en dessous de l’endroit visé. Un petit souci ergonomique qu’on a retrouvé régulièrement avec la gestion des planches qui nous laisse penser qu’une amélioration serait à apporter sur ce point précis pour le rendre pleinement jouable auprès de tout le monde sans y laisser parfois ses nerfs.
Qualité de la réalisation
Nous y avons joué exclusivement en mode nomade, cela tourne bien avec un graphisme 3D propre, relativement coloré, mais sans textures réellement HD (on le voit en passant devant certaines armoires). On apprécie de voir le décor « travailler » suite aux dégâts engendrés par l’explosion, qui nous apporte quelques grincements intéressants, chute d’objets…On s’étonne en revanche qu’il n’y ait eu aucun autre blessé ou même des morts autour de vous au regard de l’attentat, tout le monde semble avoir été évacué (sauf Amber) et on se demande pourquoi personne ne vous a fait sortir. Vous êtes donc seul, à contempler les objets abandonnés par les autres invités.
Si l’histoire avait du potentiel, nous l’avons dit cela manque d’enrobage au niveau des interactions. Aucune cinématique pour narrer certains passages ou certaines actions, aucune rencontre avec d’autres humains sauf Amber. Économie de moyens pour ce projet qui lui est préjudiciable dans l’immersion du joueur.
On a du mal à s’attacher à ce titre qui avait de nombreuses cartes maitresse en main sur le papier, là où un Half-life il y a 21 ans avait su trouver un dosage de rythme pour nous tenir en haleine et en faire un jeu mémorable encore aujourd’hui. Limitation technique également sur la modélisation d’Amber, quand vous la verrez, vous comprendrez, ou sur le modèle 3D des objets duplicables.
Si le jeu tourne en français au niveau des sous-titres, le reste du jeu est en anglais (affichage dans les décors, faux site internet qui aurait mérité une traduction, un comble pour une organisation philanthropique à visée mondiale). Le doublage vocale est bien réalisée, que ce soit par Rebecca LaChance et Abubakar Salim, les bruitages sont sobres comme la musique, qui reste d’ambiance et ponctuelle (on retrouve à la composition Austin Wintory à qui nous devons un bon travail sur Journey et Assassin’s Creed Syndicate entre autre). On aurait pu souhaiter plus d’emphase, mais en l’absence de cinématique et avec une action un peu molle, difficile de proposer musique plus inspirée. Voici la bande-annonce :
The Bradwell Conspiracy est disponible depuis le 10 octobre 2019 en dématérialisé uniquement sur l’eShop. Nécessitant 3264,22 MB, il peut se jouer avec la manette Pro si vous souhaitez y jouer sur table ou sur votre télévision. Nous remercions l’éditeur pour nous avoir fait parvenir un code afin de réaliser ce test.
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