Guerre des consoles : ce qu'en disent les chiffres

Sony : des problèmes en chaîne ?

Il n'y a qu'une chose que Sony aurait voulu voir sortir de ses chaînes de fabrication : des PS3. Au lieu de cela, Sony traverse une période noire qui lui coûte beaucoup, beaucoup d'argent. On pense tout d'abord au phénomène des batteries défectueuses qui ont équipé les ordinateurs d'Apple, Dell, Fujitsu, Toshiba et bien d'autres, un problème qui coûtera la bagatelle de 51 milliards de Yen. Sony vient de 'provisionner' ce montant pour faire face au coût de l'opération de rappel des batteries défectueuses. Un chiffre qui ne tient pas compte des frais de justice (avocats, dommages et intérêts) que certains pourraient réclamer. Le cauchemar n'est peut-être pas fini : certains analystes estiment que le problème pourrait coûter jusqu'à 90% des revenus générés par la division batteries de Sony. Un calvaire.


Pour éviter ça, une seule solution : rappeler !
Mais ce n'est que le premier. Le second s'appelle PS3. Les mauvaises nouvelles n'ont cessé de se multiplier ces dernières semaines, avec en cerise sur le gâteau un report du lancement de la console en Europe. Quitte à faire une victime d'un autre désastre industriel, autant que ce soit cette bonne vieille Europe : les problèmes, notamment liés au Blu-Ray, font beaucoup de tort à une machine qui sera rare en cette fin 2006 (et absente en Europe, donc). Aux Etats-Unis, un lancement raté pourrait tuer dans l'oeuf une technologie naissante : il faut savoir que le Blu-Ray est un des deux standards disponibles. Et si les consommateurs ont bien voulu attendre le mois de novembre pour s'équiper en lecteur HD, ils pourraient bien choisir l'alternative HD DVD promue par Toshiba et Microsoft (dont la XBox 360 sera dotée de son propre lecteur HD en cette fin d'année).

En plus de ces problèmes de production qui vont nuire à la disponibilité de la console, Sony est victime d'une crise identitaire qui s'est soldée par un rabais de la machine annoncé peu avant le Tokyo Game Show. Selon Merril Lynch, la console sortie d'usine reviendrait à 800 dollars. Un vrai cadeau pour les joueurs qui débourseront 400 ou 500 dollars aux USA, mais une horreur pour les services comptables d'un Sony qui nous prouve qu'ils ont oublié le principal : faire de l'argent. Deux composants coûtent les yeux de la tête : le Blu-Ray est estimé à 350 dollars (beaucoup estiment le coût de ce lecteur à 200 dollars 'seulement', ceci dit), tandis que le Cell reviendrait pour sa part à 230 dollars. Vous avez bien lu : le CPU de la PS3 coûte le prix d'une Wii, ni plus ni moins... On comprend mieux pourquoi les prix de vente initiaux étaient si élevés : reste que Sony, notamment pour ne pas paraître obscène face à un Nintendo qui proposera sa Wii à 25.000 Yen, a dû revoir ses tarifs à la baisse. De 60.000
Yen (515 dollars, 405 euros), la PS3 passe à 49.990 Yen
au Japon (429 dollars, 337 euros).


Merril Lynch a peur du coût de la PS3
On ne sera donc pas surpris de lire que le lancement de la PS3 coûtera à Sony 1.71 milliards de dollars d'ici la fin mars 2007. Un chiffre effrayant quand on est une société sensée dégager des bénéfices. Ce sacrifice pour la gloire de la PS3 est louable, mais dangereux, et Sony ne semble pas des mieux disposés pour faire de sa console un succès. Ce coût tient compte de la baisse du prix japonais de la console, et Sony espère se 'refaire' en milieu d'année prochaine avec les droits à percevoir sur les jeux. D'ici là, Sony serre les dents et annonce une baisse de 94% de ses profits sur le 2e trimestre 2006 : recherche, développement et fabrication
de la console coûtent cher, et la division Games a perdu 370 millions de dollars sur le trimestre... Le ciel n'est pas plus bleu du côté de la PSP : Sony a revu ses expéditions à la baisse, de 12 à 9 millions de consoles...

Alors que le nombre de consoles au lancement est estimé à 500.000, il devrait y avoir d'ici la fin 2006 quelques 2 millions de machines en vente, selon un communiqué de Sony sur le sujet. En ne proposant que 500.000 machines au lancement, on peut garantir à Sony d'écouler tous ses stocks : 80.000 consoles dans le premier marché mondial, ça va faire des émeutes ! Quand on sait que Nintendo écoule chaque semaine plus de DS qu'il n'y en avait le jour du lancement, on comptera en secondes le temps d'épuiser les stocks de PS3 au Japon... La nouvelle console fera entrer ses possesseurs de plain-pied dans l'ère du divertissement en Haute-Définition, avec une technologie nouvelle qui fait prendre à son plus fervent défenseur des risques énormes. Les prévisions de Sony sont comme suit d'ici la fin mars 2007 : 480.000 consoles au lancement, 2 millions d'ici la fin 2006, et 6 millions d'ici la fin mars 2007.


Ken Kutaragi croit dur comme fer en sa stratégie.
Lancer une nouvelle console requiert d'énormes moyens, et Sony les a : ses réserves de cash s'élèvent à 4.7 milliards de dollars (mais 3 milliards de dettes à court et moyen terme). Microsoft est déjà passé par là, et un plantage ne l'aurait même pas fait vaciller. Pensez donc, le géant de Redmond dispose de 31.8 milliards de dollars de cash en réserve. C'est comme si tout ce que MS touche se transformait en or.