Innerspace : un voyage onirique dans l’Inverse
Après le succès de leur campagne Kickstarter, le studio Polyknight Games a mis quatre années pour faire parvenir à maturité son projet très particulier. Un titre à réserver pour les joueurs souhaitant prendre leur temps et désireux de consacrer de larges plages de leur emploi du temps pour l’exploration de ce monde.
TestLa découverte d’un duo
Tout commence entre un mystérieux archéologue voyageant dans un sous-marin et sa créature (vous êtes une sorte de machine planeur qui comprend quand on lui parle) qu’il vient de concevoir dans le but d’explorer un étrange monde construit sous la forme d’une multitude de sphères qui sont liées les unes aux autres : l’Inverse. Ce monde possède des règles de gravité différentes de la nôtre, nécessitant de passer par un petit tutoriel d’une dizaine de minutes pour comprendre certains mouvements possibles et apprendre à gérer au mieux votre trajectoire dans cet univers, lorsque vous volez ou quand vous vous trouvez en plongée. Pensez à entrer dans les réglages, le jeu s'était lancé pour nous en anglais au départ.Ce monde conserve les traces d’une source d’énergie très puissante appelée le Vent, qui a permis à une période indéterminée mais forte ancienne de voir se développer une civilisation antique à la technologie très puissante. Cette civilisation a sombré et l’explorateur souhaite en découvrir la raison tout en collectant des reliques qui vont permettre d’avancer dans l’histoire, débloquer de nouveaux accès vers la bulle suivante, apporter de nouvelles connaissances et ainsi vous doter de nouvelles possibilités (l’explorateur a d’ailleurs utilisé ses premières reliques pour vous concevoir).
La conversation entre vous deux permet d’obtenir certaines informations sur votre rôle, ce qui est connu de ce monde et sur ce que l’on attend de vous au sein de chaque monde sphère. Pour le reste, débrouillez-vous ! Une relation intéressante à la base mais pas foncièrement nouvelle, qui achoppe par le manque de charisme des personnages et le ton des conversations. Vous partez en exploration, vous découvrez les reliques du niveau, vous les ramenez au sous-marin pour analyse et vous obtenez votre évolution ainsi que l’accès à la mission suivante.
C’est très prenant au départ mais peu à peu, la mécanique devient un poil répétitive et il reste quelques incohérences : il faudra nous expliquer pourquoi à chaque passage vers un nouvel accès, le sous-marin de l’explorateur est toujours devant vous à vous attendre et expliquer ce qui reste à faire. Par où est-il passé ? A-t-il vraiment besoin de nous faire explorer le monde s’il a toujours un train d’avance ? Cela manque un chouia de cohérence.
Le souhait de Tyler Tomaseski et de son équipe était de proposer un équilibre entre l’exploration et la narration, cet équilibre ne tient malheureusement pas jusqu’à la fin du jeu, dont nous nous garderons bien d’évoquer les détails : le jeu a du potentiel mais n’est réussi qu’à 80%, les derniers 20% aurait nécessité d’être travaillé davantage pour nous apporter une sorte d’apothéose, faisant d’Innnerspace un grand titre alors qu’au final on a plus l’impression d’un brouillon de grand jeu.
Une belle claque visuelle et sonore
Si nous avions envie de tester ce titre au départ, c’est pour avoir repérer très tôt un graphisme de grande beauté (aussi bien en mode nomade que sur TV). Le décor flatte la rétine, le choix des couleurs est sélectionné avec goût, c’est un univers souvent magnifique qui vous est proposé même si peu à peu on se rend compte qu’il est moins varié qu’espéré.Autant vous dire que confortablement installé dans le canapé console en main, casque sur les oreilles, et interdiction donnée à votre entourage de vous déranger pendant au moins une heure, vous allez être absorbé par cet environnement graphique accompagné d’une douce musique d’ambiance planante électronique, composée par Chris Miller qui colle bien à l’action du jeu, pour partir dans une exploration où vous risquez de vous perdre plus d’une fois.
Ce n’est pas en effet la simili carte à gauche de l’écran qui vous aidera grandement, car pour trouver la bonne paroi et la bonne orientation rendant visible certains câbles à trancher avec votre appareil pour faire effondrer un édifice et libérer un nouveau passage, vous allez parfois tourner un bon paquet de fois en rond en vous rendant compte au final que vous êtes passé quatre ou cinq fois devant.
Voir évoluer votre créature mécanique avec de nouvelles extensions lui permettant de voler au départ puis de plonger en profondeur est plaisant, l’animation est globalement fluide avec quelques légères baisses de framerate (le jeu était chargé sur une carte mémoire de type U3 soit une caractéristique de débit minimum de 30 Mo/ S contre les 10 Mo/s d’une carte U1, ce qui peut expliquer pourquoi dans d’autres tests effectués par mes soins je ne relevais pas toujours des saccades que certains forumeurs rencontraient dans leurs propres expériences de jeu).
En revanche la rencontre avec quelques créatures de grandes tailles n’a pas eu le peps espéré, il nous a manqué un petit quelque chose pour rendre ces rencontres riches en émotion, le jeu reste globalement aseptisé dans ses rencontres et relations. Il y a bien des effets de textures bien trouvés, quelques effets de lumière réussis (pas tous), des structures à arpenter bien élaborés, mais la qualité visuelle de tous les environnements n’est pas homogène, certains restent plus brouillons que d’autres. Avec une équipe et un budget un peu plus important, on aurait pu faire plus de miracles.
Chaque exploration à l’aide de son sonar, pour repérer la ou les reliques présentes, prend du temps, et il serait bien dommage de couper en route faute de temps. On vous conseille de faire une pause quand vous aurez trouvé le chemin suivant, vous pourrez vous immerger à nouveau dans l’univers du jeu sans problème. Donc le jeu n’est pas conseillé pour être joué dans les transports, en particulier dans une rame de métro. D’autant plus que chaque bulle sphère est d’une bonne taille à parcourir, certaines mêlant nécessité de voler et de plonger, ce qui vous désoriente et vous fait tourner pas mal en rond, cette sensation étant renforcée par la volonté des développeurs de ne pas vous guider et de vous donner le minimum de consigne pour vous laisser trouver par vous-même votre chemin d’exploration.
Nous l’avons dit, le pari, risqué, n’est pas totalement gagné et laissera sur le carreau une partie des joueurs qui risqueront de se lasser par la répétition des manœuvres et par le manque d’actions un peu plus pimentées parfois. Pas de risque pour vous, si vous vous crashez contre une paroi (le jeu est parfois très tolérant dans sa gestion des collisions), vous recommencez, il n’y a pas de système de vie/mort.
Paré pour l’exploration et la résolution des énigmes
On se doute que l’équipe derrière ce jeu a passé beaucoup de temps à concevoir chaque environnement, chaque mécanisme pour nous donner l’envie de poursuivre. Cependant on sent qu’ils sont restés un peu léger dans le scénario, redondant avec d’autres productions. On n’est jamais vraiment surpris, et dans le cas des rencontres avec les demi-dieux, on ne sent jamais l’adrénaline de cet événement qui aurait pu nous récompenser régulièrement de nos affaires d’exploration. Peu ou pas d’humour dans les conversations paternalistes de l’explorateur et une conclusion sobre, qui n’approfondit rien et reste très quelconque, vite expédiée (bon ce n’est pas comme Luke Skywalker qui balance le sabre remis par Rey au début de Star Wars 8, mais vous comprendrez l’idée du "tout ça pour pas grand-chose").Interface, modes de jeux
Vous pouvez régler le choix de la langue parmi neuf possibles dont le français dans l’interface, toujours utile pour suivre et comprendre le scénario proposé par la conversation entre vous et votre créateur explorateur (pour être tout à fait exact, ce n’est pas une conversation, l’explorateur vous parle et vous avez accès à plusieurs choix, jusqu’à avoir épuisé toutes les possibilités d’obtention de nouvelles informations, on n’entendra jamais votre voix au cours du jeu).Un petit temps d’adaptation est nécessaire au départ notamment pour réaliser au mieux certains virages serrés mais ce n’est pas compliqué et cela réagit très bien. On sent les vibrations dans les manettes. Nous n’avons joué qu’aux Joy-Con mais la manette pro est gérée. Les dérives vous permettent de régler vos trajectoires de manières plus serrées pour collecter les reliques, un coup de main à prendre.
Ici vous êtes en plongée ci-dessus. A noter les petites particules de vent (compteur en haut à gauche) que vous pouvez collecter en passant simplement dessus.
Le jeu se fait uniquement en solo. Pas de multi. Le jeu a été fourni via un code de téléchargement reçu par l'éditeur, nous les en remercions.
Les développeurs n’ont pas su doser l’émotion du jeu ou apporter les petites nuances, les petits détails pour nous accrocher totalement. Innerspace devient au final une expérience de jeu peu commune sur de nombreux aspects mais avec un plaisir ludique qui s’amenuise dans le temps. Les développeurs ont-ils voulu viser trop haut ou n’ont pas su synthétiser toutes leurs idées ? L’ébauche est très intéressante mais il reste de nombreux aspects à peaufiner pour en faire un titre réellement intéressant sur la durée.
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Pour ma part, justement, je ne fais que des courtes sessions car à force de trop tourner en rond, j'ai l'impression de ne plus avancer.