Copie bâclée
Mais que vient faire ce paragraphe de blâme au milieu de cet éloge ? Okami n'est pourtant pas une réalisation qui a été accomplie en deux temps et trois mouvements. Loin de là. Mais là où le tableau commence à se ternir sérieusement, c'est lorsque l'on se penche sur la question du texte. Oui, du texte. Rares sont les jeux vidéo qui laissent, à nos jours, passer des erreurs de syntaxe ou d'orthographe. Okami déçoit là où on ne l'entendait absolument pas, avec des dialogues truffés de fautes, et ce dès l'introduction du jeu. On se demande tout d'abord si nos yeux ne nous jouent pas des tours, ou si notre cerveau n'est pas entré dans une phase hallucinatoire.Mais non, rien de tout cela : les « ognons » sont monnaie courante dans le jeu, et l'on sait à présent que le courageux guerrier « combattu » il y a bien longtemps le dragon à huit têtes Orochi. Entre des erreurs grossières et un emploi plus que douteux des participes passés au lieu du passé simple, la qualité du titre en prend un sérieux coup. C'est d'autant plus dommage que certains des dialogues présentent un véritable intérêt littéraire dans leur énonciation. Intérêt rapidement balayé par tant de négligence ! Il est absolument regrettable d'avoir laissé passer de telles énormités récurrentes pour ce titre. Quel dommage !
L'approximation se fait également sentir aux abords des combats. Si la manipulation de l'arme qu'est le rosaire, une sorte de fouet activé grâce à un mouvement de la Wiimote, l'utilisation des items du type épée est une tout autre affaire. En théorie, il suffit de lever la manette pour charger un coup, puis de l'abaisser afin de porter l'offensive. Un principe fort louable, mais qui ne trouve pas d'application très concrète dans la pratique. La manipulation des épées relève plus du hasard et de la désorganisation gestuelle que d'un parcours spatial rigoureux. On privilégiera donc les rosaires à ces instruments de l'approximation, ce qui réduit de moitié les possibilités au combat. Notons enfin que les opportunités de la détection de mouvements n'ont pas été poussées à leur extrême concernant la gestion des combats… La faute à un champ d'action qui se limite à l'agitation bête et simple de la Wiimote.
Le chant des sirènes
Laissons ici la critique saignante pour ouvrir les portes de la bande son du jeu. Ne dit-on pas à propos que la musique adoucit les mœurs ? Si l'aspect graphique du titre a bénéficié d'une recherche largement efficace, Okami peut également se targuer d'offrir au joueur une expérience acoustique des plus soignées, qui n'a rien à envier aux plages de la plupart des opus à l'affiche. Entrer dans l'ancien Nippon est un réel plongeon immersif pour nos oreilles.Les pistes sont, à l'image du scénario, issues de la tradition japonaise. Elles se déclinent en autant de mélodies qu'il y a de situations dans le titre, et, en dehors des thèmes principaux, il est rare de se laisser aller à un sentiment de déjà entendu. La richesse du soundtrack vient d'une part de sa variété, se diversité, mais surtout de sa qualité. Encore une fois, il est très difficile de retranscrire une telle ambiance avec de simples mots mais sachez que les extraits sonores sont d'une splendide expressivité. Ce détail justifie à lui seul le caractère incontournable d'Okami. Tout simplement.
Deux tonalités antagonistes
Pour conclure ce test décidément riche en émotions et en qualités, il convient d'aborder brièvement le double tranchant de l'histoire. L'une des plus grandes forces d'Okami est son aptitude à renverser la situation à mesure que l'aventure se déroule. Nombre de scènes proposent une vision posée et calme de l'intrigue, dans une atmosphère de grandeur. L'évolution de l'action fera se succéder aux actes de bravoures ceux du sacrifice et des valeurs nobles. Et il sera courant pour le joueur de ressentir quelque pincement au cœur dans les moments clef du scénario.A côté de cette note d'honneur se dresse un monument d'humour. Okami nous offre aussi une tonalité amusante et légère, à travers le comique de nombre de situations insolites. Les remarques des personnages sont parfois sous-tendues d'un implicite moqueur, et on entre parfois dans une vision satirique du monde, avec des personnages caricaturés et très expressifs dans leur éthique. On peut considérer cette double lecture comme une incroyable prouesse de la part des développeurs, dans la mesure où ils ont réussi à faire cohabiter deux tonalités pas forcément complémentaires, mais terriblement efficaces.
- « Page Précédente
- 123
- Page suivante »
Cet article vous a intéressé ? Vous souhaitez réagir, engager une discussion ? Ecrivez simplement un commentaire.