Tout va bien ? Continuez tout droit
C’est probablement l’un des gameplays les plus simples qui existent. Vous n’avez besoin que de trois éléments (et encore, le troisième est optionnel) : le joystick gauche pour vous diriger, le droit pour gérer la caméra et regarder autour de vous et une touche pour courir. Cette dernière n’est pas indispensable mais elle pourrait quand même vous sauver la vie.
Dès les premières secondes de jeu, The Exit 8 vous plonge sans cinématique ni écran titre dans son univers : le carrelage blanc joint de noir d’une station de métro japonaise. Au mur, des panneaux, en japonais et en français, vous expliquent rapidement le principe du jeu. Celui-ci tient en une phrase : Tenter d’atteindre la sortie n°8. Mais attention, si vous voyez une anomalie, il faudra faire demi-tour, tandis que si tout est normal, vous pouvez continuer tout droit.
Des anomalies ? Oui. Et c’est avec vos yeux grands ouverts qu’il faut progresser, attentif au moindre détail, à la moindre variation, à l’attitude du seul personnage que vous allez croiser en ces lieux.
Quelque chose ne tourne pas rond ? Demi tour !
The Exit 8 reprend donc l’esthétique des liminal spaces, les espaces liminaires, des lieux dont la répétition de motifs, la taille ou simplement la perspective par laquelle on les observe distillent une impression de malaise grandissante. C’est cette esthétique qui a donné naissance aux fameuses backrooms (ces espaces en dehors de la réalité dans lesquels on peut se perdre et qui regorgent de créatures et d’étages) et aux jeux qui y prennent place. L’idée est de jouer sur un motif (ici le carrelage de la station), de le répéter à l’infini (dans The Exit 8, vous êtes clairement dans une boucle qui n’a pas de fin) et de vous plonger à l’intérieur, jouant sur les détails et l’impression que quelque chose cloche.
S’il existe plusieurs façons d’appréhender The Exit 8, il s’en dégage clairement deux : l’approche presque chirurgicale, demandant de retenir tous les détails, de les vérifier un par un, de voir cela comme une suite de détails à scruter ; l’approche plus globale, où vous ne savez pas trop ce que vous cherchez et où le moindre détail pourrait avoir son importance. Le jeu ne vous donne que peu d’informations : si vous réussissez à passer un “niveau” (à déterminer si cette occurrence contient ou non une anomalie), alors le panneau jaune au début change. Il passe de 0 à 1, puis 2, jusqu’au fameux 8 tant recherché. Si au contraire vous vous êtes trompé, c’est un 0 qui vous accueille sur le panneau, preuve que vous venez de réinitialiser la boucle depuis son tout début.
Si vous êtes un peu familier des backrooms, vous aurez peut-être remarqué que malgré des étages tortueux, ce sont globalement ceux qui sont relativement épurés, dans la répétition de motifs géométriques qui fonctionnent le mieux. Comme dans The Exit 8. Le jeu joue sur la répétition pour vous endormir quelques instants pour mieux vous faire vous questionner sur la réalité des anomalies que vous constatez (ou non d’ailleurs). Il ne sera pas facile d’arriver au bout, nous ne vous dirons pas combien il existe d'anomalies différentes, le jeu vous laissant dans le flou, du moins tant que vous n’avez pas au moins fini le jeu une fois.
Vous pensiez vous être échappé ?
Si voir le panneau 8 est un soulagement la première fois que vous le rencontrez, la réalité est tout autre. Car vous ne pourrez pas vous échapper tant que le “niveau” 8 ne sera pas totalement exempt d’anomalies. Ainsi, vous pouvez totalement vous retrouver coincé dans une boucle, dans la boucle principale !
Une fois sorti… Vous recommencez. Car il n’y a aucun moyen de sortir des backrooms et de la station. La seule nouveauté, c’est un panneau, en face de vous, vous annonçant combien d’anomalies il vous reste à découvrir. Et on vous laisse aussi la surprise de savoir ce qu’il se passe quand le panneau indique 0. Mais n’oubliez pas : la boucle, l’éternel recommencement, les espaces sans fin…
D’une certaine façon, The Exit 8 est un petit puzzle game, un jeu des sept erreurs où vous dirigez votre personnage à la première personne. Ne payant pas de mine, avec une durée de vie discutable (quelques heures à peine selon votre sens de l’observation, globalement il faut compter 1h30/2h pour parvenir une première fois à la sortie), The Exit 8 fait partie de ces titres dont on ne sait pas vraiment si on va s’arrêter dessus. Mais derrière tout cela se cachent tout de même des choses très intéressantes. Comme le fait que même s’il s’agit d’un espace liminaire, celui-ci n’a pas pour vocation à être un jeu d’horreur. Si on associe les backrooms et les espaces liminaires à ce genre, c’est principalement à cause du malaise que l’on ressent devant ce type d’images.
Ce sentiment d’irréalité dérangeante a donné naissance à des gamedesigns et des gameplays jouant sur l’horreur et le jumpscare dans les jeux nous faisant explorer les backrooms. Ici, ce n’est pas… totalement le cas. Car il reste quelques éléments de jumpscare. Les anomalies ne sont pas toutes visuelles, il y en a des auditives qui pourront vous faire sursauter car elles interviennent souvent quand vous ne vous y attendez pas. Ou alors quand vous êtes excessivement concentré sur votre environnement dans le jeu, à tenter de découvrir les anomalies visuelles. D’autres encore font appel à un sentiment de malaise, de distorsion de l’espace qui peut rendre l’endroit oppressant. Mais ce n’est pas nécessairement parce qu’il existe ces éléments de game design que ça en fait un jeu d’horreur. The Exit 8 est avant tout un puzzle game utilisant une esthétique particulière pour jouer avec vos nerfs, avec votre sens de l’observation et avec vous…
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